Qu’est-ce que la gastronomie peut bien avoir à faire avec les télécommunications en général et les télécoms SITA en particulier? Laissez-moi vous l’expliquer.
À part l’aspect purement nutritif un bon repas partagé entre plusieurs est un moment formidable de convivialité et de communication. Pas de “télé'”-communication, mais de communication en prise directe. Les yeux dans les yeux, les mains dans les mains, les voix naturelles et non pas une reproduction technique.
Il faut dire que nous anciens étaient en bonne école. Notre patron, Georges Monniot, à part d’être un directeur formidable, était un fin gourmet. Les problèmes difficiles étaient discutés et résolus lors d’un repas. Pour les problèmes très difficiles nous avions droit au “St. Jean Pied de Port”, un restaurant basque situé sur l’Avenue Wagram. Vérification faite, il n’existe plus aujourd’hui.
Avec la modernisation et des idées venant des Amérique certains collègues de travail me disaient: “Faire des repas à midi est une perte de temps et ne produit rien d’utile!” Je veux donner un exemple qui prouve le contraire.
Après que le Symposium Technique à Bruxelles en 1963 avait tracé les grandes lignes de ce que devait être le future réseau SITA, le Conseil d’Administration avait créé plusieurs Groupes de Travail en charge d’élaborer des propositions détaillées. Il a attribué la somme de £ 5000,00 pour supporter le travail de ces groupes.
Vers le début de 1964 les groupes présentaient leurs rapports et le directeur des finances rendait compte de l’utilisation des £ 5000,00. Sont compte rendu était des plus succinct et tenait en deux lignes:
1 – £ 500,00 pour des cartes IBM à perforer (à l’époque on faisait marcher les ordinateurs avec des cartes perforées) et qui ne sont jamais soties de leur emballage,
2 – £ 4500,00 pour les frais de restaurants.
Le Conseil d’Administration, dans sa sagesse, a approuvé nos rapports et l’utilisation du crédit accordé. De cet effort est né le SITA High Level Network (HLN), une première version d’Internet. Que personne ne me dise que c’était quelque chose d’inutile.
Bon appétit !
