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  • Pierre Flahaut posted an update in the group Group logo of Anecdotes / StoriesAnecdotes / Stories 8 years, 5 months ago

    Mise en service de la P1024 et du premier message type « A »

    J’avais pris la responsabilité de la petite équipe de programmeurs sur le système Philips au départ de l’équipe américaine qui avait assuré le développement du système.

    Pendant la première année, notre petite équipe assurait la maintenance du système, les améliorations, les corrections de bugs, mais nous n’avions pas encore fait de gros développements.

    Ce gros développement, nous l’avons vu venir. Il s’agissait de connecter les ordinateurs de réservation des compagnies aériennes à notre système. Le but était de supprimer toutes les liaisons « Baudot » et de les remplacer par des liaisons digitales à grande vitesse.

    Pour cela il fallait développer un nouveau protocole de communication entre ces différents ordinateurs. Nous avions un protocole « maison » pour interconnecter les ordinateurs de la société la P1000 mais l’interconnexion avec d’autres systèmes devait passer par un protocole différent la P1024. C’était un gros projet, nous avions calculé (avec les moyens du bord) qu’il nous faudrait environ un an pour mener à bien ce projet tout en continuant à assurer la maintenance du système. Nous commençons le développement, mais au bout de quatre à cinq mois, la direction décide que nous devons tester notre système avec la compagnie BEA…. Je pense que ni les programmeurs de BEA ni nous-mêmes n’étions prêts à commencer ces essais, mais je pense qu’au niveau du haut management des deux parties, personne ne voulait avouer qu’il n’était pas prêt.

    Toute l’équipe de développement part à Londres et, bien sûr, les premiers essais sont catastrophiques, rien ne fonctionne ni chez nous ni chez BEA. Les directions du management de chaque côté insistent pour que nous restions, aucun ne voulait s’avouer vaincu.

    Des équipes de nouveaux ingénieurs nous sont envoyées, Giovanni Strigari, Georges Giraudbit et Georges Chrétien. Ils sont ingénieurs, mais ne connaissent pas les systèmes sur lesquels nous travaillons et la situation ne se débloque pas. Nous restons plusieurs semaines à Londres jusqu’au moment où notre patron informatique prend le taureau par les cornes et contacte son homologue chez BEA pour régler le problème et convaincre les directions de stopper les frais.

    Nous revenons à Paris pour compléter notre développement et laisser souffler par la même occasion l’équipe de BEA. Après plusieurs mois, nous sommes revenus, avons testé dans de bonnes conditions et avons mis ce système en service dans les meilleures conditions.

    Après cette première mise en service avec BEA beaucoup d’autres compagnies se sont connectées par le même système. Notre système fonctionnait correctement suivant la procédure mais il fallait tester chaque nouvelle connexion, c’était l’affaire des équipes opérationnelles, nous n’avions plus à intervenir.
    La connexion avec les systèmes de réservation permettait l’échange de messages conventionnels type « B », donc le remplacement des liaisons basses vitesse. Il n’y avait aucune évolution majeure. La grande révolution est venue avec la possibilité de connecter les postes de réservation des compagnies aériennes au travers de notre réseau.

    Ce système commençait à fonctionner chez les compagnies aériennes mais pour des liaisons locales. BEA avait ses connexions avec les villes d’Angleterre et de France mais pour assurer ses connections avec New York ou Singapour il fallait louer des circuits très chers aux différents fournisseurs de circuits et cela ne fonctionnait pas toujours correctement. L’idée est venue de faire transiter ces messages de réservation au travers de notre réseau qui était international et garanti de bout en bout.

    Le poste de réservation envoie une demande à son ordinateur de réservation au travers de notre réseau et reçoit la réponse couplée par retour en quelques secondes.
    Pour cela, nous avions développé un autre protocole la p1025 pour implanter des concentrateurs chez nous, des machines qui ne faisaient que la connexion de terminaux. (Cela pourra faire l’objet d’un autre article).
    Les terminaux de réservations des compagnies étaient connectés à ce concentrateur ; les messages étaient envoyés sur notre réseau pour rejoindre l’ordinateur de réservation de sa compagnie qui pouvait être situé à l’autre bout du monde.

    Je me souviens du premier essai, toute l’équipe était au centre de LON nous devions connecter un terminal de BEA à Rome sur l’un de nos concentrateurs dans le centre de Rome. Notre logiciel était au point, nous l’avions testé sous toutes les coutures. Nous étions confiants. Nous attendions le moment où nous pourrions faire le test avec la BEA.

    Le message envoyé d’un terminal BEA situé à ROM était connecté au concentrateur Sita de ROM, il devait passer vers l’ordinateur principal de Rome par la P1025 puis de Rome à Paris puis à Londres par la P1000 pour atterrir dans l’ordinateur de réservation de la BEA par la P1024 et la réponse refaisait le chemin inverse tout cela en moins de 2 secondes. C’était une vraie révolution. Ce fut une explosion de joie à ROM et LON lorsque BEA nous a informés que tous les messages envoyés par le terminal de Rome avaient reçus une réponse dans le délai imparti. C’était les premiers type « A » sur le réseau.

    Nous étions en 1972.

    Je ne connaissais pas les ingénieurs BEA en poste à Rome pour ces essais, j’en ai connu un beaucoup plus tard, dans une discussion à bâton rompu lors de la cérémonie d’inauguration du nouveau centre de Rome dans les années 1995, l’un d’entre eux était devenu le Directeur général de la SITA…… John Watson.

    Pierre Flahaut

    • Hello Pierre,

      Très intéressant! Ainsi la première transmission Type A s’est faite conjointement sur un HLS Univac (Rome) et un HLS Philips (Londres). Belle coordination!

    • Et bien cher Pierre, j’étais à Rome pour ces essais avec Georges Giraudbit…..c,’était même ma première mission SITA, et nous avions le chrono en main pour la mesure des temps de réponse qui était de 2 à 10 secondes selon type de transaction
      ne me souviens pas de la présence de J.Watson, mais nous étions dans l’agence… et il y avait des techniciens BA et SITA dans la backroom , ou étaient modems et branchements

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