La Révolution d’Oeillets
C’est le nom que donnent les historiens au Coup d’Etat Militaire qui a eu lieu le 25 avril 1974 au Portugal.
Quel est le rapport avec la SITA? Nous, c.à.d. José Silva, notre représentant pour le Portugal, et moi-mème, avions prévu ce jour une réunion avec un représentant des PTT portuguaises pour discuter de la connexion de nos ordinateurs au réseau telex portuguais.
Précisons qu’à l’époque le réseau telex était un service public de communication par téléimprimeur
que nous utilisions pour faire la distribution des messages vers des usagers qui avaient un faible volume de trafic. De mème, en sens inverse, les bureaux des compagnies à faible volume de messages nous déposaient leurs messages par le réseau telex. Pour éviter un traîtement manuel de ces messages nous connections nos ordinateurs directement aux réseaux telex locaux/nationaux, sous réserve d’avoir l’accord de l’administration PTT concernée.
Ainsi je partais le 24 avril dans l’après-midi vers Lisbonne pour retrouver mon ami José. Le soir mème il m’invitait à diner dans son club et me disait qu’il me chercherait le matin vers 09h pour nous rendre ensuite à la réunion avec le monsieur des PTT. A six heures le matin je suis brutalement réveillé par la sonnerie du téléphone. Je prends l’appel, c’était José Silva qui me disait: “Ecoute, Ruedi, reste à l’hôtel, nous avons une révolution!” “Ah, José, arrête de raconter des blagues à cette heure du matin, tu m’embêtes!” lui dis-je. “Non, ce nest pas une blague, tu n’as qu’à mettre le radio et tu comprendras.”
C’est ce que je faisais et j’ai compris. Vers dix heures je descendais dans le hall de l’hôtel pour trouver des compagnons voyageurs dont l’agenda pour le 25 avril a été également bousculé. José m’a téléphoné dans l’après-midi pour me dire que l’aéroport était fermé et que les autres moyens de transport étaient également arrêtés. Il m’a promis de me revoir à l’hötel le vendredi matin, si la situation le permettait. Je prenais donc mon mal en patience.
José m’a effectivement retrouvé le vendredi matin pour me dire que la situation commençait à se clarifier. Les postes frontières vers l’Espagne devaient laisser passer des voyageurs en voiture. Le samedi les chemins de fer devaient reprendre leur service. Toutefois, l’aéroport restait encore fermé au moins jusqu’en début de la semaine suivante. José me proposait de prendre le samedi matin à 08h l’autorail qui assurait une liaison quotidienne entre Lisboa et Madrid, 12 heures de voyage. J’étais d’accord et je n’ai jamais regretté ce voyage pittoresque. Le trajet entre Lisboa et la frontière était très joli. Une végétation luxuriante, les petites gares avec leurs portes et fenêtres entourées des carrelages à décor bleu. Du côté Espagne c’était plus ennuyeux. Un paysage aride, des oliveraies jusqu’à l’horizon. A Madrid j’ai trouvé un avion qui voulait bien me ramener à Paris.
J’ai gardé un excellent souvenir de ce séjour. Nous devons rendre hommage aux Portuguais qui ont su se débarasser d’une dictature et instaurer un régime démocratique à la place et ça sans verser trop de sang (quatre victimes).
Ceux qui désirent savoir d’avantage de cet évènement historique peuvent aller sur Google et rentrer le titre de cette contribution. Wikipedia offre un excellent article.
Notre connexion au réseau telex se faisait finalement avec quelques mois de retard. Ainsi, des actions de guerre et/ou évènements politiques ont parfois impacté l’action de la SITA. Il serait peut-être intéressant de réunir par la communauté WIKISITA leurs mémoires. (la guerre de Suez, le printemps de Prague, les troubles au Liban etc.)
22/7/2016 Ruedi Bebie