SITA ? Stuck In The ….. Pyramid
C’était en 199x. Cette mission au Caire pour finaliser les détails d’un accord avec la compagnie Egyptair avait bien commencé. Tout d’abord, l’équipe de SITA-Cairo avait préparé la rencontre avec rigueur et efficacité. Ensuite, le client était désireux d’aboutir à un accord avec SITA. Enfin, notre Directeur en Egypte, le regretté K. Okacha, ses adjoints, ainsi que les deux ‘experts’ venus de Paris, ma collègue Fr… et moi-même, étaient confiants sur le résultat de cette réunion.
Evidemment, il y a toujours quelques imprévus avant d’aboutir à un résultat dans une discussion avec un client. Si bien que la réunion, censée durer une matinée, s’était prolongée jusqu’en milieu d’après-midi.
Vite avalé un petit sandwich, et K. Okacha propose aux deux Parisiens, d’un ton qui ne supporte pas la contradiction, d’effectuer une rapide visite des pyramides. “Pas question que vous soyez venus au Caire sans visiter nos pyramides. Mon chauffeur va vous déposer à Gizeh. Vous verrez, en fin d’après-midi il n’y a pas beaucoup de touristes, et de toutes façons, votre vol de retour décolle demain matin”.
Cap donc sur le site des pyramides où la voiture de K. Okacha dépose les deux Parisiens. Effectivement, la foule est partie. Restent quelques rares touristes se pressant vers le dernier autocar. Deux billets d’entrée rapidement achetés et présentés au ‘gardien’ de la pyramide de Kheops, sous le regard peu éveillé d’un militaire en faction, et ma collègue Fr…. et moi-même nous engouffrons dans le monument.
Si vous avez visité Kheops dans ces années-là, vous savez que pour s’enfoncer à l’intérieur de la pyramide, il fallait arpenter trois rampes successives: Près de deux cents mètres de couloirs étroits, inclinés, en chicane, bas de plafond et chichement éclairés de quelques ampoules blafardes, avant d’atteindre le cœur du monument: Une salle assez exigüe et froide, tout aussi mal éclairée, et curieusement appelée ‘la chambre du roi’. Dans la montée, nous avons croisé deux visiteurs se hâtant de redescendre. Mais dans la ‘chambre du roi’, personne: nous sommes seuls, absolument seuls, au centre de la pyramide.
“Impressionnant, n’est-ce pas Fr…. ?” “Oui P…., c’est assez impressionnant en effet”.
Et soudain, l’impensable se produit: LES LUMIERES S’ETEIGNENT! Un noir total, sépulcral, nous entoure. Pas une lueur, pas un reflet, rien. Nous restons quelques instants pétrifiés. La lumière DOIT revenir. Souvenez-vous que c’était une lointaine époque où le smartphone avec lampe-flash incorporée n’existait pas. Et pas non plus d’allumettes ou de briquet, car ni Fr. ni moi-même ne sommes fumeurs.
La lumière ne revient pas. On appelle, on hurle : “Ohé, ohé, OHE, OHE, OHE, OHE”. Aucune réponse, aucune lumière. Et on commence à ‘gamberger’: “Ils nous on oublié”; “Et d’abord, cette soi-disant ‘chambre du roi’, c’est jamais qu’un tombeau, non?”
Essayez d’imaginer: Vous êtes dans un tombeau, dans le noir complet, sous 100 mètres d’épaisseur de pierres. Et 100 mètres de pierres à droite et à gauche. Et au bout de quelques instants, vous avez perdu tout sens de l’orientation.
Il faut faire quelque chose. Nous devons chercher le chemin pour redescendre vers la sortie. Ma collègue me demande “P……, tiens-moi la main s’il te plait”. J’obéis. Nous tenant par la main, nous cherchons à tâtons l’entrée du couloir pour commencer la descente: on progresse lentement dans le noir, en rampant, en tâtonnant, en se heurtant contre les parois, dans le dédale des couloirs. On continue à hurler “Ohé, Ohé” sans obtenir de réponse.
Enfin, au bout d’un (très) long cheminement, une faible lueur apparait au loin! Quelques minutes après, nous débouchons à l’extérieur de la pyramide. Il commence à faire nuit. Le gardien est parti et le soldat en faction nous regarde d’un air éberlué, l’air de quelqu’un qui voit sortir des revenants.
De retour à Paris, quand K. Okacha nous recontacte pour parler de l’affaire Egyptair, il nous demande très aimablement comment s’est passée la visite de la pyramide. D’un commun accord, Fr…. et moi-même lui répondons: “Parfaitement bien, mais c’est sans doute mieux de visiter à une heure où …il y a un peu plus de touristes”.
Je ne suis pas retourné au Caire mais, depuis ce jour, je prends TOUJOURS avec moi une lampe de poche quand je visite grottes, caves, cryptes, cavernes, gouffres, souterrains, catacombes et autres sites troglodytes !
P…… (Nom connu de la rédaction) Octobre 2016